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“Si vous regardez suffisamment longtemps dans un abîme, alors l’abîme regardera aussi en vous”

L'OEIL 

En chacun je regarde la guenille, la plaie et le mensonge.

J’inspire la faiblesse, pour mieux la renier. Je vois ce qu’il reste du monde derrière vos yeux, et vous l’arrache.

Je scrute, je sonde, je dénude d’un coup d’oeil et vous le ferait presque tourner si vous osiez approcher.

 

On ne peut, bien-sûr, sans vertu satisfaire un grand vice. Il y faut une parfaite maîtrise de soi, des autres.

L’exigence de la domination. La volupté m’entraîne et me dicte ce qui, en votre vie la plus cachée, et avec une violence secrète, va frémir ensuite dans vos nerfs et dans vos rêves.

 

Mettre le doigt sur le point précis de la faille, la faire craquer. 

J’exhausse l’abaissement, équilibre ce qui tombe, réuni ce qui est séparé, recompose ce qui est détruit. Je pousse à l’excès, à l’extrême, fais de votre chute une ascension.

 

Forte de cinq ans d’expérience dans l’exercice du rôle de corruptrice, surveillante, maîtresse de cérémonie ; rien ne m’échappe, sinon la vulgarité et la médiocrité, que je ne sais appréhender qu’en les redressant. 

 

Regard fuyant, pas incertains, tremblements, je me repaît à chaque instant du malaise que je convoque en vous.

Frissons de peur, palpitations du coeur me font frémir de plaisir et m’inspirent caresses et tendresse. 

Surpris de me sentir si proche quand vous m’imaginiez froide et distante, décontenancé par ma duplicité, vous glissez vers l'écueil finement élaboré par ma supervision ; vous fondez entre mes doigts sans qu’aucuns mots ne puissent en rendre compte ni en donner quelconque explication. 

Ce qui m’importe et m’emporte, c’est votre vulnérabilité. Consommer votre rupture, m'en délecter. 

 

Qu’il me soit permis d’avertir les jeunes imprudents : voir le piège n’empêche pas de s’y laisser prendre, et cela double le plaisir.

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